Peintures













    Apocalypse
    Huile et collage sur toile
    156 cm x 60 cm
    1986



                                                    Apocalypse costume
                                                    Gouache et encre sur papier
                                                    1986




                                  Les deux sœurs
                                  Huile sur toile
                                  H : 55 cm x L : 46 cm
                                  1985





             
                 Jour J 
                 Huile sur Carton
                 Diamètre : 49 cm
                 1985




     

                                  Avortement
                                  Huile sur carton
                                  H : 40 x L : 31 cm
                                  1987  




     

                   Sans titre
                   Huile sur toile
                   H : 75 x L : 120 cm
                  1988




                                                Les hommes préfèrent les blondes.
                                                Huile papier imprimé 
                                                H : 40 cm x L : 24 cm
                                                1989






                  La boîte à couture
                  Huile sur toile
                  H : 170 cm x L : 180 cm
                  1995

        
                 
                 
                 La belle au bois dormant
                 Acrylique sur plexiglas, collage papier, effet vitrail.
                 H : 100 cm x L : 200 cm
                 1997




    Les sept Péchés Capitaux

    " Le pécheur est au cœur même de la chrétienté;
    nul n'est aussi compétent que le pécheur en matière de chrétienté.
    Nul si ce n'est le saint ".
    " Le péché est le défaut dans l'armure permettant l'entrée de la Grâce "

    Péguy. 


    Ensemble de 15 œuvres, regroupant 7 peintures, 7 photos ; une performance.
    Les peintures : gouache sur papier, contrecollée plexiglas.
    Les photos : Création des costumes portés par des modèles
       ( réalisations concrètes des peintures ).
    La performance : Lors du vernissage, les sept personnages dans leur costume respectif sont présents au milieu des visiteurs,
    ( voir la vidéo au menu "performance" ).
    Création 1994




    Les péchés de Marina.


    IL n'est aucun péché qui ne s'apparie automatiquement avec son contraire. Ainsi dans le cortège des Vertus et des Vices, les couples allégoriques s'opposent pour faire image et sens. Les vices ne sont pas seulement des figures isolées, coupées de toutes relations avec le monde et figées dans  un système de représentation statique.
     Si l'allégorie veut valoir la leçon, elle prendra la forme, dans la Pychomania, 
    ce long poème allégorique écrit par le poète espagnol Prudence au IV° siècle, une série de combats singuliers où s'affrontent, sur le théâtre de la de la démonstration, la Patience et la Colère, la Gourmandise et la Tempérance, l'Orgueil et l'Humilité (etc.,etc.) et où, bien sur, les vertus finissent par triompher. Tirant leçon de l'antiquité, les écrits
     de prudence vont influencer toute l'iconographie de l'art Médiéval jusqu'au XIII° siècle, plaçant sur frontons, chapiteaux, létrines, plafonds et statues, des images reconnaissables et typées.

    C'est de cette façon que vont se fixer les attributs lisibles des Trois vertus Théologales et des Quatre vertus Cardinales, entraînant la fixation des attributs de leurs contraires, les Sept péchés Capitaux. Au cours des époques, les sept péchés n'ont pas toujours eu la même place ni la même importance, certains même, à la Renaissance, pouvant par spécification devenir des vertus ou des caractères. On est au regret de constater  qu'il n'ont même pas toujours été sept. Mais il est frappant de constater que l'église condamnant particulièrement la Luxure et l'Avarice, c'est deux vices sont les plus fréquemment représentés.

    C'est à la Renaissance que s'épanouirent de nombreux dictionnaires mythographiques et iconographiques dont les auteurs s'abreuvaient autant aux sources antiques qu'à leur propre imaginaire, parfois survoltés. Celui que l'on peut considérer comme le plus documenté et le plus sérieux est sans aucun doute celui de Cezare Ripa, l'Iconologia, rédigé en italien et édité en 1593, entre maniérisme et baroque. C'est là où se fixe le répertoire des connotations et des dénotations, c'est là où s'installe l'inventaire bientôt figé des reconnaissances. On pourrait résumer ainsi ce qui concerne nos sept péchés:

            Avarice: femme ou homme, les yeux bandés, une bourse à la main ou suspendue au cou. Parmi ses attributs, le plus fréquent est la Harpie (monstre ailé à la tête et aux seins de femmes), ayant parfois elle-même les yeux bandés.

            Colère: Un homme ou une femme, épée ou poignard brandi, s'en prend à un mendiant ou à un moine à terre. Son animal tutélaire le plus fréquent est le lion.

            Envie: L'envie, elle, est une femme repoussante et louche qui se nourrit de chair de serpent, qui possède la langue bifide du serpent et qui exsude le venin. Elle est bien sur dotée d'un serpent et parfois d'un gros chien furieux qui aboie. Elle peut être aussi une vielle femme qui se détourne d'un couple d'amoureux.

            Gourmandise:  Un personnage obèse, masculin ou féminin qui s'empiffre de nourriture et de boisson et qui parfois vomit....
    Ses attributs peuvent être le loup, l'ours, le porc et le hérisson.

            Paresse: Un personnage avachi et obèse appuyé contre un âne ou le chevauchant, qui peut être accompagné par un bœuf ou un porc.
                                                                
            Luxure: Elle est essentiellement féminine ( tout comme l'Avarice est le plus souvent masculine ) et se focalise dans l'image terrible d'une pècheresse dont le sexe et les seins sont dévorés par serpents et crapauds.                                                                                                     
            
            Orgueil: Dans les cycles médiévaux, c'est essentiellement un cavalier tombant à terre ( en référence à Saint Paul sur le chemin de Damas), mais à la Renaissance il prend l'apparence d'une femme avec un lion et un aigle, un paon et un miroir, qui finira par se confondre avec la personnification de la vanité.

          
    Devant un corpus si précis et si longuement organisé, on pensera très fort à Marina Mars, à qui il prit tantôt le désir ( sans doute capital ) de s'attaquer à ce massif pour le réduire à merci, le reconsidérer avec indulgence, ironie et humour.
    Ce qu'au bout elle en tire, ces images en font foi, posant un pont ténu entre enluminure et bande dessinée, entre art corporel et roman pour jeune fille. De toutes ces ambiguïtés réelles et de ces fausses  naïvetés, se déduiront sans doute un ensemble de caractères. Et il faut espérer, qu'en un temps proche ou lointain qui verra refleurir Vertus et Vices, ses images rejoindront le port idéal de l'iconographie.
                                                                                   


                                                                    François Bazzoli                                                                      










    La gourmandise





    L'envie 





    L'orgueil 


    Le  8 ème jour de la semaine

    Parler des vices et des vertus définit pour les clercs l'insanité de l'art. Si les vices et les vertus sont latents par essence, les vertus se doivent d'être manifestes. Ainsi l'art saint-sulpicien s'est toujours défini en tant que défense et illustration des valeurs de préservation d'une morale codifiée aux bons sentiments: chasteté, humilité, bonté, charité, ..... L'académisme pompier y a cultivé ses sarments et la liste des serviteurs du style est longue.

    Parallèlement et inversement, la célébration pictographique des vices a toujours été pratiquée, des exvotos salaces aux graffiti dans les sanisettes, des murs des geôles aux sous-couches des appartements et aux esquisses des maquettistes. Illustrer l'interdit, le magnifier dans un premier temps, n'est pas le défendre ni l'encourager... C'est pointer et actualiser sa vertualité et déjouer sa contemption. Le vice, loin d'être un défaut, n'est qu'une autre forme de la vertu, son pendant.

    Les enfers des musées et artothèques regorgent d'œuvres scellées sur le mystère de leur sélection hors monstration.Il faut rappeler que le scandale causé par Olympia de Manet fut bien plus retentissant que le sabbat de Goya ou les expositions d'Egon Schiele à vienne. La trivialité ne niche jamais dans l'exactitude mais dans son manque d'élévation, dans la neutralisation des équivalences. Comme le rappel Georges Bataille, ce que les bourgeois ne supportaient pas recouvrait une paradoxale ambiguïté : la trahison par un des leurs des mœurs courtisanes (qui n'avait pas sa demi-mondaine et son lot de grisettes?), L'aveu de la banalité du désir pour une chair déballée sans affèterie et la jubilation férocement anodine de cette reine-matrone à poser.

    Le travail de Marina Mars affronte un autre plan de la relative inadéquation entre la magie des images et la capitalisation du savoir sur certains rites. L'abécédaire des vertus a agi pendant des siècles en tant que viatique servant à l'édification des pécheurs, le candélabre des 7 péchés capitaux a une longue histoire dans les bréviaires iconographiques. Que se soit dans les lames de tarot ou les tables de la loi illustrées. Mais ici le traitement, loin d'être uniquement parodique ou un commentaire postmoderne sur la désillusion des croyances, magnifie le baroque en empruntant la figure du bal costumé. Bal dadaïste qui renvoie le kitsch et la notion ambiguë de "mauvais goût" aux cannons de la censure. Quoi de plus religieux et de plus quiétiste que cette célébration imagée des tentations?

    L'obsédé se distingue de l'obsessionnel dans la mesure où il subit les incantations de la chair ou d'autre chose alors que l'obsessionnel quant à lui orchestre l'art de répéter et de
    sérier ce qui sans cesse lui revient sous la langue, sous les yeux. avec les couleurs, les étoffes, avec l'aiguille.

    Ces costumes faits pour des mannequins célèbrent une histoire ineffable. Faillibles nous le sommes, la tentation nous menace et nous enlace. Souligner et décliner ses artifices est un acte de foi. Au lieu de réprouver par un discours ou de se plonger dans des prières, Marina décuple un monde enchanteur, celui des contes de Perrault et de Grimm. Les idéalistes se contentent d'une formule bancale "l'imagination débridée" pour parler des imaginaires nourris; il apparait bien au contraire que la constitution des travaux artistiques pérennes demande, quelque soit l'effervescence et la folie des apparences, de brider son imaginaire.

    Le soin apporté à ces costumes, les centaines d'heures de petite main, forme un éloge du rêve baroque et rieur; une telle subtilité et une telle jubilation devrait rencontrer un grand nombre d'adhésions. Jacques Demy aurait été fort friand de l'apport de cette Marina pour son "peau d'âne", une artiste qui allie Cyberborg au Moyen Age, Las Vegas à la Carmen de Bizet, Gustave Doré et Tex Avery. Pièce fondamentale d'un spectacle de santons grandeur nature avec les sept icônes, où les péchés sont fustigés avec allégresse, détournés et appuyés dans un monde de féerie et de malice où l'on croise des pecheurs en proie à leurs vice, pris en flagrant délit, pas si innocents que ça et très peu repentis. L'on ne peut qu'admirer le soin apporté au moindre détail qui signe une volonté de faire mouche et de désacraliser la déclinaison de nos mauvais penchants telle qu'elle s'est inscrite trop souvent avec honte et affliction dans l'espace iconographique des catéchumènes. Soyons absous.

                                                               Emmanuel LOI







    La paresse





    La colère




    L'avarice







    La luxure


                    7 péchés capitaux, 1 seul faisceau

       
    En cette période où le capitalisme triomphant trouve son assomption dans une spéculation effrénée qui ravage le monde comme une tornade arrachant aux pauvres pour enrichir les riches, on n'a pas envie de compter 7 péchés capitaux comme les 7 jours de la semaine ou les 7 merveilles du monde mais 1 seul qui les englobe ou les engendre tous, la soif de posséder.
        L'homme de l'occident est altéré, assoiffé par les vertus de la bourgeoisie, relayée par la plus implacable machine à endoctriner que l'humanité ait eu à supporter: la télévision et plus particulièrement dans ses versions les plus écœurantes , Antenne 2 et TF1.
    En comparaison les manquements au code de la morale chrétienne apparaissent comme la confession dérisoire d'un adepte de l'introspection.
        On se demande même comment il est encore possible de condamner l'envie, l'orgueil ou la gourmandise quand on passe plusieurs heures par jour à regarder des spots publicitaires vantant les mérites de la ménagère qui a le bon baril de poudre à laver, par rapport à l'andouille dont le produit n'arrive pas à passer entre les fibres du tissu pour nettoyer les cochonneries en profondeur.
    La télé-miroir n'a pas assez de bon pécheurs il lui faut en former constamment.
        Par bonheur il y a les coléreux pour fulminer contre les guerres et d'autres pour les faire. Heureusement il y a des avares pour sauver la France grâce à l'épargne, suprême vertu d'entre les vertus.
        Deux péchés arrivent encore à paraitre capitaux: la paresse, la mère de tous les vices qui paralyse les machines à sous, qui empêche le chômeur de trouver du travail; et la luxure dont l'ambiguïté lucrative ne va pas sans problème, car autant il parait raisonnable d'être payé pour montrer son cul, autant le bon sens interdit d'accepter sur son poste, dans son foyer, cet objet, sensible à l'heure du repas, au yeux de la nichée des gnards qu'on prépare à affronter l'impitoyable et rigoureuse loi du marché.
        L'œuvre de Marina Mars vient nous rappeler au charme désuet d'une morale qui n'hésitait pas à dire qu'il faut être con pour vouloir une plus belle auto que son voisin, pour se goberger de caviar quand tant d'autres n'ont rien a bouffer, pour banaliser la violence cette colère permanente indispensable aux forces dynamiques de la nation.
        Elle nous remémore tous ces défauts que la télé-pensée a su rassembler en un faisceau dont on a oublié les composants.

                                            Jean-François Meyer.